Chronologie
Périodes paléolithique et prédynastique
Périodes préhistorique et prédynastique (5 000-3 000 av.J.C.)
L'Egypte possède la plus ancienne histoire écrite au monde. L'histoire de l'Egypte ancienne se divise en deux grandes époques: la préhistoire et la période pharaonique proprement dite.
A l'époque de la préhistoire, Ie Nil, grand axe de communication, relie I' Afrique tropicale a la Méditerranée. Son tronçon égyptien traverse prés de 1 000 kilomètres d'un désert autrefois moins aride. Les cultures qui y ont éclos se situent au carrefour de deux continents: d'une part, l' Afrique, ou le fleuve prend ses sources; d'autre part, l' Asie, à travers le Sinaï. A ces deux voies de pénétration s'ajoute une troisième : le Sahara oriental et sa chaîne d'oasis (Siwa, Baharia, Dakhla, Kharga), parallèle au fleuve. Les hommes les ont toutes empruntées, au gré des fluctuations climatiques.
Ainsi, entre 10000 et 5000 avant notre ère, se succèdent des phases arides et humides. Dépendants de ces variations, les hommes colonisent les déserts ou se réfugient dans la Vallée. Au sud des oasis de Kharga et Dakhla, du Ouadi Howar (voir la carte ci-contre), couvrant le Sahara oriental jusqu'au coeur du Soudan, de nombreux sites attestent d'un nomadisme, devenu pastoral vers I'an 8000 avant notre ère.
A cette époque en effet, les pluies stagnent dans les dépressions tout au long de la saison humide. Elles permettent alors a une végétation plus riche de s'épanouir, mais bien loin de l'image d'un vert paradis saharien. Et cette vaste étendue devient, de fait, Ie centre d'intenses contacts entre l'Afrique tropicale et la vallée du Nil. L'agriculture devint la base de l'économie égyptienne bien des siècles avant la Période Pharaonique; elle est à l'origine des puissantes interactions qui lient les communautés, d'Éléphantine au Delta.

Vers 7000 avt J.-C., un changement climatique rend les déserts égyptiens plus arides et la vallée moins marécageuse, encourageant l'apparition de l'agriculture. Les desserts se vident. Les hommes se réfugient vers les points d' eau permanents: vallées et grands massifs. Seules les bordures du Nil échappent à la désertification. Des pluies plus fréquentes qu'aujourd'hui y maintiennent une galerie tropicale ou s' épanouit la grande faune sauvage: éléphants, rhinocéros, hippopotames, burnes, bubales antilopes africaines crocodiles, phacochères. De part et d'autre de la Vallée, les déserts offrent des paysages de savane où l'on chasse lièvres, gazelles, antilopes et lions. Le nomadisme pastoral se pratique par petits groupes.

Badarien
La région du Fayoum s'étend et devient plus tempérée; aussi abrite t-elle les plus anciens sites d'occupation égyptiens, aux alentours de 5000 avt J.-C. On trouve d'autres sites anciens à Mérimdeh sur la frange orientale du Delta, à Omari, Matmar et Badari dans la vallée. De façon remarquable, ces communautés cultivent déjà l'orge et les céréales qui devaient devenir les bases de l'agriculture durant la période pharaonique. Bien que les cultures matérielles des différents sites soient assez distinctes, elles témoignent de l'existence de réseaux commerciaux étendus: les communautés du Nord font ainsi traditionnellement commerce avec la Palestine et les pays méditerranéens côtiers, tandis que les populations méridionales commercent avec la Nubie et les contrées proches de la mer Rouge.
Peu de sites témoignent des débuts de la période néolithique caractérisant le Vème millénaire. Seuls deux foyers distincts apparaissent dans la vallée du Nil. Au nord, le Delta et l'oasis du Fayoum ont intégré les espèces végétales et animales domestiques venues d'Orient (blé, orge, chèvres et moutons). Au sud, dans la région de Khartoum, au Soudan, on ne trouve que des espèces domestiques animales (bœufs, chèvres et moutons).

Nagada I ou Amratien
Vers 4000 avt J.-C., une culture matérielle géographiquement plus étendue, caractérisée par un type distinctif de poterie rouge pourvue d'un bord noir, apparaît dans les cimetières, d'Éléphantine à Assiout. Cette céramique est le marqueur d'une phase culturelle appelée Nagada I, d'après le site où elle fut identifiée pour la première fois; cependant cette appellation se réfère à un groupe d'objets typiques d'une phase culturelle donnée, non pas à une population. Il convient d'insister sur la continuité existant entre l'Egypte de Nagada I et les cultures plus anciennes. L'industrie majeure de la culture Nagada est la production de vases de pierre et de pièces cérémonielles telles que des têtes de massue et des palettes à fard en forme d'animaux, travaillées dans des roches extrêmement dures, comme le basalte et le granit. Les artisans qui travaillent alors ce matériau atteignent une habileté jamais égalée par l'Egypte pharaonique. Il est à noter que les formes et les techniques de décoration sont toutefois très différentes. Malgré un fonds probablement commun de va-et-vient millénaire entre désert et Vallée, les groupes conservent leurs caractéristiques propres. Les uns évoluent au coeur de l'Afrique, en amont du grand fleuve aux ressources infinies ; les autres, en aval, dans une zone ouverte aux influences sahariennes et orientales. La séparation s'accentue encore au cours du millénaire suivant, tout particulièrement dans le tronçon égyptien de la Vallée, entre la première cataracte du Nil et la Méditerranée. Les sites relatifs à cette époque se multiplient dès le début du IVème millénaire. Ils dessinent deux ensembles culturels distincts: le Maadien, implanté au nord, le Nagadien, établi au sud.
Le Maadien se caractérise par une poterie et un outillage -pierre taillée et polie- particuliers, hérités des traditions néolithiques. Mais les traits essentiels de cette culture résident dans sa forte implantation sédentaire et la simplicité de son univers funéraire. Pasteurs-agriculteurs, les Maadiens entretiennent une relation privilégiée avec leurs voisins proche-orientaux. Ces derniers ont en effet exploité très tôt le minerai de cuivre du Sinaï et l'ont exporté en Égypte. La présence de céramiques palestiniennes révèle aussi les échanges effectués entre les deux communautés. Bien que tournés vers l'Orient, les Maadiens n'en demeurent pas moins profondément originaux. A aucun moment, ils n'expriment une quelconque colonisation.
La culture nagadienne, qui s'épanouit dans la boucle du fleuve où se trouve la ville moderne de Louxor, est tout autre. Elle tire son nom du site de Nagada. Celui-ci s'est établi sur la rive orientale du fleuve, au débouché du Ouadi Hammamat, reliant le Nil à la Mer Rouge. Un cimetière d'environ 3 000 tombes y sera mis au jour (par Flinder Petrie, en 1892). Contrairement à Maadi, l'implantation funéraire est, ici, très forte. Les cimetières, rejetés sur la lisière désertique, reflètent une variété d'équipements funéraires qui traduit une diversification et une hiérarchisation sociales accrues au cours du millénaire.
Les sites nagadiens sont constitués de petits villages construits en bordure de la plaine alluviale, sur les promontoires des anciennes terrasses du Nil. L'environnement est ainsi propice à l'exploitation des ressources du fleuve et du désert. Les Nagadiens bénéficient de la crue annuelle pour leurs cultures, sans en subir eux-mêmes les dommages. Vers 3500 avant notre ère, les princes nagadiens quittent leur berceau, devenu trop étroit pour leurs appétits. La culture nagadienne connaît alors une expansion: vers le nord, où elle supplante le vieux fonds maadien; vers le sud, où elle entre en contact avec des groupes nubiens, installés entre les première et deuxième cataractes. De cette progression culture, relie, naîtront les premiers pharaons, au début du IIIème millénaire avant notre ère. Si la Basse Égypte et le Delta offrent de larges espaces propices aux cultu,res et aux pâturages, la plaine alluviale de Haute Egypte, est, elle, étroite. Le climat, plus humide, permet à la vie de s'organiser dans des ouadis, des petits cours d'eaux plus ou moins perpendiculaires au fleuve. Ils sont exploités de façon saisonnière, notamment pour mener paître les animaux. En outre, ils constituent un riche réservoir de chasse.
Autre attrait de ces ouadis : un univers minéral d'une extrême variété tout particulièrement dans le désert oriental pourvoyeur de richesses. Gneiss, schistes, granites, diorites, porphyres et surtout, grauwacks et silts, à partir desquels sont élaborées les fameuses palettes à fard, se transformeront, sous le ciseau des sculpteurs les plus habiles, en produits de luxe au profit d'une élite. Le nom de Nagada, en égyptien Noubt -la ville de l'or- trahit aussi une relation sans doute lointaine avec l'exploitation du minerai précieux.
Véritable carrefour d'échanges, le désert occidental, les oasis de Kharga et Dakhla, ouvrent également des pistes vers le cœur du Soudan, accessible en remontant le Nil, au-delà des cataractes.

Installées vers 4200 avt J.-C, les populations actuelles conservent des traits originaux, physiques et culturels, traduisant le réinvestissement de données millénaires. D'abord limités, les contacts avec les groupes de Basse Egypte s'accentuent progressivement jusqu'à la fusion culturelle vers 3500. A cette époque, la société égyptienne se complexifie. Le processus d'étatisation débute. Les ouadis sont abandonnés au profit du fleuve, devenu la voie de circulation privilégiée des hommes et des biens. Un processus sans doute favorisé par l'aridité croissante des déserts. Les premières villes apparaissent: Nagada, Hiérakonpolis, Elkab, Abydos, Bouto, également centres religieux, et les grandes nécropoles d'Abydos et de Saqqara témoignent du pouvoir des rois et des dignitaires.

Nagada II ou Gerzéen
Cette culture s'étend aussi loin au nord que Bouto. Plutôt qu'elle ne démontre l'hégémonie graduelle d'un groupe humain particulier, cette diffusion culturelle découle de la puissance commerciale et de la cohésion accrue du système économique et culturel égyptien. L'apparition de la céramique à anses ondulées inspirée de formes importées de Palestine et de Syrie, démontre l'extension de la zone de contacts commerciaux. La décoration de ces céramiques est centrée sur la chasse, les jeux athlétiques, la guerre, la navigation et la danse, activités. associées à l'époque historique avec le pouvoir royal mais qui peuvent n'être alors que l'expression d'une conscience collective naissante. Le mobilier funéraire de l'élite sociale, enrichie par le commerce et unie par la cohésion de sa culture matérielle, est particulièrement uniforme. Cependant, les communautés les plus importantes du Delta maintiennent des coutumes bien différentes de celles des populations méridionales, dont certaines (ainsi l'inhumation du défunt sous sa maison) perdureront dans certaines régions du Delta durant la période pharaonique.

Nagada III ou Dynastie 0
À la fin de la période prédynastique, durant la phase Nagada III, de nombreuses tombes égyptiennes contiennent des jarres de pierre et d'autres biens luxueux tels que d'élégants couteaux en silex ou des bijoux d'or, d'argent et de turquoise. Possessions certes d'une élite, des objets aussi chers sont pourtant alors plus' largement répandus dans la population que durant l'époque dynastique. Cette époque est aussi marquée par l'apparition d'importantes cités de brique au plan régulier, pourvues de murs d'enceinte et d'édifices de cultes monumentaux, comme à Hiérakonpdlis et Nagada. Si l'art de cette période emprunte souvent son répertoire à la guerre, il s'agit sans doute d'évoquer de façon magique la défense rituelle de la société plutôt que de glorifier une culture agressive.
Selon Manéthon, la civilisation égyptienne commence avec l'Unification des Deux Terres, la Haute et la Basse-Egypte, sous l'autorité d'un roi. Le roi légendaire Ménès aurait créé l'État égyptien en menant ses armées de Haute-Egypte à l'assaut du royaume de Basse-Egypte, installant à la suite de sa victoire sa nouvelle capitale à Memphis. L'histoire de Ménès appartient cependant à la mythologie, tout comme celle des deux royaumes jumeaux. Il est à peu près certain que l'Égypte devient une entité culturelle et économique unifiée bien avant que son premier roi ne monte sur le trône. L'unification politique se fait sans doute de façon graduelle, sur un siècle. C'est là vraisemblablement le temps nécessaire aux districts régionaux et à leur gouvernement pour établir les réseaux commerciaux et devenir aptes à organiser l'agriculture et le travail sur une grande échelle. L'idée de royauté divine gagne sans doute du terrain alors que le culte de divinités telles qu'Horus, Seth et Neith, associé à leurs personnifications bien vivantes, se répand dans le pays.

Les sources sur le gouvernement de la vallée durant la période Nagada III proviennent principalement de trois sites: Abydos, Nagada et Hiérakonpolis, où une puissante élite sociale a laissé d'énormes enceintes funéraires en brique crue. L'art funéraire et religieux montre déjà les thèmes de l'iconographie royale postérieure: scènes de chasse, de guerre et de cérémonie, et l'image du souverain sous la forme d'un taureau ou d'un lion massacrant des rebelles. Cependant, rien n'assure qu'aucun de ces personnages ait jamais été roi. Les rois les plus anciennement attestés règnent sur le pays tout entier vers 2900 avt ].-C. (Ière dynastie), et sont enterrés à Abydos. Le premier d'entre eux semble avoir été Aha.
L'existence de rois avant Alla, portant les nom d'Iryhor, de Ka et de Scorpion, n'est pas prouvée. La Ière dynastie a pu remporter une lutte pour le pouvoir qui aurait opposé les trois grandes Villes du Sud. C'est sans doute vers 3000 avt J .-C. que trois puissantes confédérations ou protoroyaumes rivalisent pour le contrôle de l'Égypte méridionale, jusqu'à ce qu'un vainqueur émerge, par la sagesse politique ou la force des armes, et prenne la tête d'une nouvelle confédération si puissante qu'elle en viendra à dominer l'ensemble du pays. Rien ne prouve cependant que ces conflits aient mis aux prises des ethnies différentes, notamment durant les décennies précédant l'apparition d'un véritable roi.
Le seul roi à avoir précédé Aha de façon indiscutable est Narmer. Ses monuments ont été retrouvés sur l'ensemble du territoire méridional, et il commerçait visiblement avec le Delta et le sud de la Palestine. Qu'il ait été roi d'Égypte ou bien seulement le "chaînon manquant", un roi de Hiérakonpolis, est moins clair, mais sur la célèbre palette de schiste provenant du temple de Hiérakonpolis, Narmer est représenté en dieu vivant, en une composition qui utilise déjà trois éléments fondamentaux de l'imagerie pharaonique: canon stylistique, écriture hiéroglyphique naissante, intervention divine. En ce sens, la palette de Narmer est un jalon culturel primordial, marquant le début de l'Égypte pharaonique.
Les preuves matérielles de l'existence de ces rois proviennent des fouilles menées en 1897-98 par J. E. Quibell à Hiérakonpolis, en Haute-Egypte. Hiérakonpolis, l'ancienne cité de Nekhen, est située sur la rive ouest du Nil, au nord d'Assouan, et vouée au dieu faucon Horus. Le site, qui remonte aux débuts de l'époque dynastique, s'appelle Kom el-Ahmar, c'est-à-dire "le mont rouge". Les fouilleurs ont mis au jour de remarquables objets tels qu'un faucon avec une tête en or, représentant le dieu de la cité Horus, et une statue, fondue en cuivre, grandeur nature de Pépi ler et de son fils Mérenrê de la VIème dynastie. La découverte majeure a eu lieu dans un puits nommé le "Dépôt principal" et situé entre les murs d'un temple de l'Ancien Empire et d'un temple plus tardif du Moyen Empire. Dans la cavité, Quibell a trouvé des documents très importants datant des débuts de la période dynas'tique. Parmi eux figurent des palettes et des massues sculptées. Les rapports de l'archéologue ne permettent pas de savoir si la plus belle pièce, la palette de Narmer, a été trouvée dans le puits ou dans un niveau voisin. Les représentations qui décorent les objets et les hiéroglyphes d'un style très ancien identifient les rois "Scorpion" et Narmer. Les oeuvres ont été déposées là bien longtemps après leur fabrication, peut être milles ans plus tard, vers la fin de l'Ancien Empire.

La cohésion sociale accrue de l'Égypte protohistorique et l'extension des administrations régionales ont favorisé l'apparition d'une classe dirigeante et d'une royauté d'essence divine.
- 5000 : - 4000     Badarien
- 4000 : - 3500     Nagada I ou Amratien
- 3500 : - 3100     Nagada II ou Gerzéen
- 3100 : - 3000     Nagada III ou Dynastie 0 :
Nombre incertain de rois dont :

Scorpion [Cartouche]
Sur la tête de massue fragmentaire du roi "Scorpion', le roi, qui porte la tenue rituelle avec la queue de taureau accrochée à la ceinture et la haute couronne blanche (hedjet) de Haute-Egypte, célèbre un rite à l'aide d'une houe. Il ouvre les digues pour inaugurer l'inondation des champs ou bien il creuse la première tranchée de fondation pour un temple (ici à Hiérakonpolis) ou une cité trois mille ans plus tard, sur les pièces de monnaie, les empereurs romains sont figurés en train de tracer avec une houe les contours de la cité lors de sa fondation. Devant le visage du roi, un scorpion, surmonté d'une fleur à sept pétales, représente sans doute le nom du roi. Le sommet de la massue est entouré d'une frise de vanneaux suspendus par le cou à des enseignes verticales. Le petit oiseau, rekhyt, en égyptien ancien, signifie "peuple". Leur position semble indiquer qu'ils ont été vaincus par le roi "Scorpion". Quelle que soit la cérémonie qui se déroule, deux choses sont claires: premièrement, le roi "Scorpion", paré de la couronne blanche, règne seulement sur la Haute-Egypte (à moins que la partie manquante de la massue ne le figure en roi de Basse-Egypte, coiffé de la couronne rouge) . Deuxièmement, il y a eu une bataille et les oiseaux ont été conquis. De ces représentations on peut donc déduire que l'événement a eu lieu avant l'unification de l'Egypte et que "Scorpion" précède Narmer.

Narmer [Cartouche]
Narmer, roi de Ta Deshert (Haute-Egypte), aurait conquis toute la vallée du Nil jusqu'à la (Mer Méditerranée). Il réunit les deux royaumes sous le nouveau symbole de la couronne blanche du Sud insérée dans la couronne rouge du Nord. Abydos devient la capitale sacrée du dieu Asar (Osiris), et Thinis le siège du Chancelier de Ta Khem (Basse-Egypte) et des Dix Conseillers de Ta Deshert (Haute-Egypte). On (Héliopolis) et Nekheb deviennent des cités-sanctuaires.

Deux des objets les plus importants du "Dépôt principal" de Hiérakonpolis appartiennent à Narmer: sa palette et sa tête de massue. La palette, une grande plaque de schiste vert, offre le premier récit historique d'Egypte. Elle figure un roi victorieux, dont le nom apparaît dans le serekh -la façon ancienne de figurer les noms royaux -, au sommet de chaque face, entre deux têtes de la déesse vache Hathor. Les hiéroglyphes du nom royal comprennent un poisson placé à l'horizontale au-dessus d'un ciseau et se lisent Narmer. D'un côté, Narmer porte la couronne blanche de Haute-Egypte (hedjet), et de l'autre la couronne rouge de Basse-Egypte (deshret) ce qui signifie qu'il est désormais le roi des deux pays. Plus tard, la double monarchie sera symbolisée par les deux couronnes emboîtées l'une dans l'autre ou couronne de Haute et Basse-Egypte (sekhemty, c'est-à-dire les Deux Puissantes). la scène qui occupe le plus de place montre Narmer, de grande taille et coiffé de la couronne blanche, qui attrape un prisonnier par les cheveux et s'apprête à le frapper avec sa massue levée. C'est la première fois qu'apparaît le thème du roi frappant symboliquement ses ennemis, qui restera un classique de l'iconographie royale jusqu'à l'époque romaine. Ce côté de la palette est l'envers, car sur l'autre face se trouve le godet servant à broyer le fard vert pour les yeux ou khôl. Au recto, ou face supérieure, le roi est paré de la couronne rouge. il est plus petit qu'au verso, mais il reste la figur,e principale qui domine toutes les autres. Le roi, toujours pieds nus, est suivi d'un petit porteur de sandales (qui est également son porte-sceaux à en juger par le cylindre suspendu à son cou), chargé d'une paire de sandales et d'une petite jarre d'eau. A deux reprises, le roi apparaît dans des contextes symboliques et rituels. Il est possible que les événements se déroulent dans une aire sacrée où le souverain circule pieds nus. Le faucon Horus, le dieu du roi, se trouve aux côtés du souverain. Au bout d'une corde, il tient un ennemi auquel le souverain va bientôt s'intéresser. Le visage de la déesse Hathor domine la partie supérieure des deux faces de la palette. Cette position importante est lourde de sens. Horus, dieu de Hiérakonpolis (Nekhen), est sans doute le maître du temple majeur de la ville. Il est possible que, sur la palette, il soit présent sous la forme d'Horus le Jeune, le fils d'Hathor. Cela expliquerait la place de choix accordée à sa mère dans l'iconographie religieuse de la palette. On peut établir une correspondance avec les superbes temples, beaucoup plus tardifs (de l'époque ptolémaïque), d'Horus à Edfou et d'Hathor à Dendéra, édifiés sur des sanctuaires beaucoup plus anciens, dont les rituels impliquent des échanges de processions entre eux. La tête de massue de Narmer évoque aussi des scènes rituelles. Il s'agit surtout de la fête de renouvellement du heb-sed (jubilé). Le roi, enveloppé dans le manteau approprié, est assis dans un pavillon. Une vache (Hathor?) et son veau tiennent une place importante dans l'iconographie. Le roi porte ici la couronne rouge. Il est suivi par son porte-sandales. On ignore si le roi est chaussé, car ses pieds sont cachés par le manteau.
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