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Le Troisième Pilier : Salat, la Prière
La salat, qui signifie prière, est un acte d'adoration, de soumission,
de recours à Allah dont on cherche la grâce et l'intimité. Dans un souci
de créer l'atmosphère du règne d'Allah sur la terre, l'Islam a prescrit
chaque jour cinq salat en commun à cinq moments différents, offrant ainsi
au fidèle la possibilité d'être toujours et partout en présence de son
créateur: à l'aube, au moment où le soleil quitte le zénith et décline,
au milieu de l'après-midi, au crépuscule, et au début de la nuit.
Le sentiment de la présence divine, à tout instant, est un excellent soutien
pour la conscience.
Au travers du Coran et grâce aux témoignages des compagnons du prophète
Muhammad et à ses propos qui furent rapportés, la prière telle qu'elle
fût pratiquée dès les premiers temps de l'Islam est extrêmement bien
connue. La salat occupe dans la religion islamique une place prépondérante
parmi les différentes formes d'adoration, étant donné qu'elle seule a
été directement reçue d'Allah, sans l'intermédiaire de l'archange Gabriel,
par le Prophète au cours de son ascension céleste.
Durant cette ascension céleste, connue sous le nom de Mi'raj, Allah
révéla à Son serviteur Mohammed ce qu'Il voulut bien lui révéler, la
salat obligatoire pour lui et sa nation étant la plus importante de ces
révélations. Selon la tradition, ce fût l'ange Gabriel qui enseigna
directement à Muhammad comment la célébrer. Ce privilège est bien réservé
à la religion musulmane, la pratique culturelle des premiers chrétiens
étant, par exemple, assez mal connue et en tout cas très différente de
ce que nous pouvons observer de nos jours (plus de prosternation, un
prêtre faisant face aux fidèles, mixité des fidèles, etc.).
L'Imàm Mouslim rapporte qu'au cours de son voyage céleste, lorsque
le Prophète se trouva à proximité du "Jujubier de la limite", il lui fut
donné trois choses :
- Les cinq salats obligatoires :
- "Sobh" ou "Fajr", à l'aube
- "Dhohr", à midi ou en milieu de journée
- "Asr", au milieu de l'après-midi
- "Maghrib", après le couché du soleil
- "Isha", durant la nuit
- L'épilogue de la sourate "La Vache", Al Baqarah
- La promesse de rémission de leurs péchés à tous ceux de sa communauté
qui n'auront rien associé à Allah; seuls en seront exclus ceux qui auront
commis de grands péchés (meurtre, fornication, consommation de boissons
alcoolisées, etc ...).
La prière islamique se caractérise pas une très grande sobriété
lithurgique et un rapport "intime" entre le croyant et Dieu, même lorsque
celle-ci est célébrée en commun.
La salat est la première obligation divine qui fut prescrite à la
nation islamique et c'est à son sujet que le fidèle sera interrogé en
tout premier lieu au jour du jugement dernier. Témoin cette tradition du
Prophète :
" Au jour du jugement dernier la première question qui sera
posée aux hommes portera sur l'observation de la salat : de son acceptation
par Allah dépend l'acceptation de toutes les autres bonnes oeuvres et de
son rejet dépend le rejet par le Juge Suprême de toutes les autres oeuvres".
At-Tabràni
Autrement dit, l'acceptation de toute autre bonne oeuvre est subordonnée
à celle de la salat, de même le rejet de la salat entraîne celui de toute
autre oeuvre. Outre le fort lien qui se crée entre le serviteur et son
Créateur, l'établissement de la salat fait obtenir protection et agrément
divins à celui qui s'y adonne. En ne dispensant pas de l'établissement
de la salat même le fidèle qui combat dans la guerre, l'Islam fait mieux
ressortir toute l'importance de cette institution religieuse. Grâce à la
prière, on devient scrupuleux, on acquiert la force pour résister aux
tentations et de la fermeté dans ce que l'on entreprend. L' âme devient
fière et n'éprouve devant le mal que répulsion et dégoût. C'est dans ce
sens que le Coran affirme:
"En vérité, la prière préserve du vice et du blâmable."
La prière consiste essentiellement en plusieurs éléments : le sentiment
d'humilité devant la présence majestueuse de Dieu, la reconnaissance de
cette supériorité divine et enfin, l'adoption pour son corps et tous ses
membres de la posture de respect nécessaire, recueillement profond dans
la pensée de Dieu, accompagné de la récitation de versets coraniques et
d'inclinations et de prosternations précises. Des supplications et des
invocations accompagnent la prière. Dans la prière musulmane, on s'adresse
humblement au Créateur de toute chose, exprimant des louanges et implorant
son pardon et son secours.
"L'insociabilité, toute l'insociabilité,la mécréance,
toute la mécréance et l'hypocrisie sont le fait de celui qui entend
l'appel de Dieu invitant les gens à la prière et n'y répond pas."
Mo'aâd Ibn Anas
La salat célébrée en commun bénéficie d'une plus grande récompense
que celle qui est accomplie individuellement, attendu qu'elle encourage
l'esprit de fraternité, familiarise les fidèles avec la soumission au
Très-Haut, la discipline et l'esprit de parfaite égalité entre tous :
grands et humbles, riches et pauvres. En dehors de leur piété individuelle,
tous sont égaux devant leur Créateur dans l'adoration de Qui ils doivent
se tenir épaule contre épaule, sans distinction de classe, de race ou
de région.
La prière commune est particulièrement révélatrice de la conception de la prière en Islam :
"La salat célébrée en assemblée a une récompense vingt-sept
fois supérieure à celle de la salat établie individuellement"
Boukharî et Mouslim
Celui qui dirige la prière, appelé "Imam" , est n'importe quel homme
issus du groupe des croyants pour autant qu'il connaisse le mieux la
religion et soit de bonne moralité. Cependant, même si la prière collective
est considérée comme préférable à une prière solitaire, l'Islam met très
fortement en garde le croyant contre l'ostentation et la vanité qui
peuvent s'exprimer en collectivité. La prière en commun rassemble les
croyants dans la foi très proches les uns des autres, se répartissent
en rangs aussi droits que possible pour représenter l'égalité des hommes
devant leur unique Seigneur, tous soumis aux mêmes règles. Elle est aussi
l'occasion pour eux de se rencontrer et de s'inviter mutuellement au
bien, à suivre la voie de la vérité, de la justice et de s'armer de
patience.
"Il n'est point trois personnes dans un village
ou une campagne qui négligent de faire la prière en commun que Satan ne subjugue.
Tâchez de vous rassembler.
Le loup ne s'attaque qu'à la brebis égarée."
Abouddarda
Les croyants, tous les croyants du monde se tournent vers un même
point pour prier : la Kaa'ba, elle-même située au coeur de la mosquée
sacrée de La Mecque. Ceci représente, au delà des races et des status
sociaux, l'égalité et l'unité des croyants dans leur relation à Dieu.
Cette unité symbolise le véritable humanisme de l'Islam. De même, au delà
de l'instant, c'est aussi le symbole de l'éternité du message qui, à
travers les générations et les siècles, réuni les hommes.
La structure de la prière islamique en elle-même, les postures que
le croyant adopte (regard humblement baissé, inclinations, prosternation,
postures de repos) ainsi que le sens de la sourate "Al-Fatiha", qu'il
récite à l'occasion de chaque prière, renforcent ce lien particulièrement
intense en Islam entre le croyant et Dieu, cette louange et cette
soumission de l'esprit et du coeur :
Au nom de Dieu, le Clément, le Miséricordieux.
"Louange à Dieu, Seigneur des mondes,
Le Clément, le Miséricordieux,
Le Roi du jour du jugement.
C'est Toi que nous adorons,
C'est Toi dont nous implorons le secours.
Indiques-nous le chemin droit,
Celui de ceux que Tu as comblé de Ta grâce,
Non pas celui de ceux qui encourent Ta colère, Ni celui des égarés."
Coran - Sourate 1 - "Al-Fatiha" (l'ouvrante)
La prière Islamique, empreinte d'un profond recueillement, est
louange au Créateur suprême et imploration de Sa miséricorde. La prière
n'est pas adressée à un homme mais directement au Maître suprême, seul
digne de louanges, Unique, Savant de toute chose.
La sourate 122, "Al-Ikhlâs" (la pûreté), illustre bien ceci :
Au nom de Dieu, le Clément, le Miséricordieux
Dis: "Lui, Dieu est Un !
Dieu !... l'Impénétrable !
Il n'engendre pas; Il n'est pas engendré;
nul n'est égal à Lui !"
Coran - Sourate 112 - "Al-Ikhlâs" (la pûreté)
La salat demeure toujours obligatoire, quels que soient le lieu ou
les circonstances; aucun prétexte ne peut en dispenser le fidèle : maladie,
guerre, voyage, etc, le fidèle ne doit jamais manquer d'établir la salat.
Le Prophète a dit à ce sujet :
"Priez en vous tenant debout, si vous ne le pouvez pas, asseyez-vous, si cela encore vous est impossible, alors allongez-vous."
Boukhàri
Chaque vendredi, les fidèles se rassemblent pour établir la prière
du Vendredi (salat-oul-Joum'ah) au temps fixé pour la salat de Dhohr.
La grande prière collective du vendredi est célébrée dans la grande mosquée
du quartier ou de la ville et l'Imam prononce un sermon selon la tradition.
La présence à cette prière collective est obligatoire pour tous les hommes.
Il est non seulement permis aux femmes d'assister à la prière collective
dans la mosquée mais de plus leurs maris n'ont pas le droit de les en
empêcher sauf si cela comporte un risque.
La salat du vendredi est une institution d'obligation divine pour
les fidèles (hommes). Plus solennelle que les autres prières, elle ne
peut être assimilée à la prière de Dhohr. En d'autres termes, la prière
de Dhohr ne peut nullement remplacer celle du vendredi sauf en cas de
force majeure (maladie, voyage). Le fidèle qui manque d'établir d'accomplir
la salat du Vendredi pour une raison légitime est obligé d'accomplir la
prière de Dhohr, composée elle de 4 rak'àtes.
L'Islam a institué deux principales fêtes annuelles :
- la première appelée fête de la rupture du jeune, Idoul Fitr,
célébré le 1er du mois du mois de Chawwal
- la seconde connue sous le nom de fête du sacrifice, Idoul Adha,
célébrée les 10, 11 et 12ème du mois de Zoul Hiddjah
A chacune de ces occasions, les musulmans célèbrent une salat solennelle
appelée Salat-oul Ide, prière de fête, dont l'établissement est une
pratique nécessaire, Wâdjib, d'après l'école hanafite.
En Islam, "la Terre entière est une mosquée", et la prière peut-être
célébrée en tout point de la terre et de l'univers. Cependant, le lieu
pour la prière doit être propre et convenable à un bon recueillement.
Le lieu de prière doit cependant respecter certaines règles définies
par le tradition. Cimetière, bain public ou salle des ablutions, lieu où
se rassemblent les animaux ne conviennent pas pour la prière.
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